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le colosse de rhodes

— Pourrais-je au moins, dit Lyssa, écrire à Likès et attendre sa visite ?

— Pauvre petite ! Tu n’as pas compris encore ? Le bandeau fatal ne s’est pas décollé de tes yeux ? Tu crois et tu espères… C’est une grâce que te font les dieux sans doute, pour que la douleur ne te déchire pas tout entière de ses griffes cruelles. Écris à Likès, si tu le veux ; verse dans cette lettre les derniers sanglots de ton âme ; — suspends-toi ensuite à ce qui ne change pas, à ce qui est éternel…

Lyssa promenait des regards vagues autour d’elle. Tout à coup elle sourit tristement :

— Je me souviens d’un soir de l’an nouveau où je suis venue t’apporter en heureux présent les guirlandes d’asphodèles. Comme j’étais naïve et légère encore ! Cependant l’amour avait déjà blessé mon âme. Likès était près de toi dans cette tour. Nos yeux cette nuit-là se sont promis le bonheur.

— Je m’en souviens aussi, dit le Pontife ; et cette nuit-là, moi aussi, j’ai lu dans ta destinée.

Brusquement il se détourna, et Lyssa ne