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le colosse de rhodes

qui devaient assurer sa conservation indéfinie, était exposé dans l’atrium du palais ; on passait et on repassait devant lui, et tous déposaient un triobole aux pieds de ce riche, afin que le passage dans les eaux funèbres ne lui devînt pas fatal. Mais de grandes tables somptueusement servies au dehors les dédommageaient de cette offrande. Les Rhodiens buvaient et mangeaient en attendant la célébration des derniers rites.

Namourah n’avait pas quitté la chambre mortuaire. Elle ne voulait pas se donner en spectacle à la foule ; et du haut de sa fenêtre cintrée, elle regardait cette heure, belle entre toutes, où tant d’éclat, tant de lumière, tant de couleurs allaient scintiller autour d’un tombeau. Il était midi. Le soleil, au comble de sa puissance, semblait mettre à nu la terre. Il en dessinait tous les contours, il en dévoilait toutes les nuances secrètes ; les plus petits détails, sous la magie de ses rayons, se faisaient flagrants ; et la vie universelle, sa rumeur, son perpétuel acte de désir, devenait un livre ouvert, un poème dont les strophes chantaient un espoir de durée éternelle. Namourah ne croyait pas à