Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
305
le colosse de rhodes

l’immortalité des âmes. Comme ses ancêtres Hébreux qui avaient adoré le Veau d’or dans le désert, elle était matérialiste. Ce qu’elle aimait dans cette création toujours en fête, c’était ce qui se touche, ce qui se possède, ce qui s’étreint. Pouvait-elle se couvrir la tête de cendres, alors que tout son être exultait d’une joie insolente et charnelle ? Likès, son amant, son bien et sa chose, Likès serait bientôt son époux ; des liens irrévocables s’ajouteraient à ceux qui les unissaient déjà ; demain, si le sort leur était propice, ils trôneraient ensemble sous un dais de pourpre, et ils recevraient les hommages de la multitude. — Et elle le regardait, du haut de la fenêtre, s’avancer au milieu des autres mastères. Il était le plus jeune et le plus beau. Il portait un long pallium rejeté sur l’épaule gauche, et son bras droit qui était nu étincelait au soleil. Un peu de ses chevilles paraissait entre le bas de sa robe et ses sandales de cuir incarnat ; sa main, repliée sur sa poitrine, avait une courbe parfaite ; la lumière, en la traversant, la rendait transparente comme du marbre. — Et Namourah se sou-