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le colosse de rhodes

semblait vide ; tout, à l’entour, était maintenant désert. Les ingénieurs, les ouvriers, les matelots avaient suivi jusqu’au champ sacré qui s’étendait au delà du mont Philerme le corps de leur chef ; après, ils s'assiéraient encore autour des tables que la munificence de Namourah tenait ouvertes jusqu’au coucher du soleil. — Et Likès, quand il rentrerait à son tour, la trouverait cachée dans sa demeure.

Certes elle ne se faisait pas d’illusion ; elle comprenait bien et le danger qu’elle allait courir, et la faute qu’elle allait commettre en violant la défense de Stasippe. Mais tout cela maintenant lui importait peu. Elle avait versé trop de larmes, elle avait passé trop de jours dans l’attente et trop de nuits dans l’angoisse pour ne pas considérer comme chimériques toutes ses craintes, tous ses remords. Malgré les apparences contraires, elle croyait encore à l’amour de Likès ; elle y croyait avec cette force du désespoir que mettent les moribonds à se rattacher à la vie. Mais surtout, confiante dans elle-même, elle se disait qu’il n’aurait qu’à la revoir, à l’entendre pour se sentir