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le colosse de rhodes

troublé dans son cœur. Quand leurs yeux se seraient de nouveau repris, et que leurs lèvres se seraient rejointes, tout le passé si caressant et si doux les envelopperait de ses ondes tièdes ; et ils s’aimeraient encore, et une nouvelle ère de bonheur commencerait pour eux…

Que de choses éloquentes elle se préparait à lui dire ! Ah ! Si d’autres soucis, d’autres inquiétudes l’avaient pour un instant détourné d’elle, ce qu’elle murmurerait à son oreille, entre ses bras, suffirait à le reconquérir ! N’avait-il pas souvent pâli et frémi à ses paroles d’amour ? Elle se souvenait d’avoir vu parfois ses yeux se mouiller, lorsqu’il l’écoutait, et un sourire ravi, ému, passer sur sa bouche. Oui, elle savait comment lui parler, comment l’étreindre, pour qu’il ne lui échappât plus désormais. Il était bon. Il était sincère. Un jour il avait châtié de ses mains un homme qui injuriait une femme, derrière le Théâtre, hors des murs. Or, n’était-ce pas une injure beaucoup plus cruelle qu’il lui faisait en la dédaignant, en laissant ses lettres sans réponse et ses soupirs sans écho ? Lyssa le voyait à genoux