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le colosse de rhodes

sa douleur. Elle les sentait venir de si loin qu’elle se croyait tombée au fond d’un abîme.

Pourtant elle se calma. Il fallait préparer le vêtement sous lequel elle se dissimulerait pour entrer dans l’Arsenal. C’était un de ces manteaux de laine grise si finement tissés qu’on pouvait les tenir tout entiers dans la main. Dès qu’elle serait dehors, elle jetterait ce manteau sur ses épaules, et elle mettrait sur sa tête un capuchon pareil à ceux que portaient les matelots quand ils affrontaient le vent du large. Ainsi, personne ne pourrait la reconnaître.

Le jour commençait à décroître ; des groupes de gens revenaient du côté du mont Philerme. C’était l’instant de quitter le temple. Lyssa descendit doucement l’escalier de la terrasse. Dans le sanctuaire, les voix de ses compagnes psalmodiaient l’hymne à Héraclès. Elle distinguait, parmi toutes ces voix féminines, la voix chaude de Dornis qui dominait les autres, sans pourtant qu’elle fût plus haute ; et les paroles d’adoration redites chaque jour au dieu passaient aussi sur ses lèvres :