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le colosse de rhodes

rieur de l’île avaient été embauchés pour ce surcroît de travail. Leur habileté était prodigieuse : Dix Rhodiens, dix navires, proclamaient ces hommes avec orgueil. Les bras nus, le torse libre dans une tunique de lin roux, ils creusaient avec une ardeur infatigable les longues poutres de cèdre et de chêne, descendues des forêts du mont Atabyrion. Le bruit des marteaux s’élevait en même temps que ronflaient les meules que d’autres hommes tournaient, attelés ensemble comme des chevaux dociles. La sueur coulait de leur front ; leurs lèvres ouvertes laissaient passer un léger filet d’écume. Mais la joie de créer décuplait leur courage. Sur l’immense mer devant eux flottaient d’autres navires où une âme légère vivait, où des voiles tendues en triangle se gonflaient nerveusement au souffle du vent. Demain cette matière inerte sur laquelle ils étaient penchés prendrait, elle aussi, son essor ; un peu de la patrie rhodienne s’en irait conquérir l’Océan ; la force du Colosse de plus en plus dominerait le monde…

Un quai étroit reliait entre eux les diffé-