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le colosse de rhodes

anse à l’est de la ville, où la mer était plus bleue et le ciel plus transparent encore. Des Syriens, des Sidoniens et des Juifs se reposaient là, assis à terre, les jambes croisées, devant les sacalèves légères qui, elles aussi, étaient au repos. Quelques navires plus grands stationnaient au large. Likès n’eut pas de peine à reconnaître parmi eux ceux qui portaient à leur proue la tête d’éléphant, avec la trompe recourbée comme une corne d’abondance. Mais il s’assit à l’écart et se laissa aller à contempler le ciel et la mer. Il faisait si doux sur cette grève, dans ce port mollement dessiné, au pied de l’Aleïon géant, et loin des rumeurs de l’énorme capitale ! Il faisait si doux ! Et l’amour, lui semblait-il, devait être proche ! La suavité des parfums remplissait sa gorge et ses narines ; l’ambre et l’encens pénétraient en lui comme une haleine de femme. Il promena dans l’air des mains caressantes ; il aurait voulu étreindre une forme chère, serrer sur son cœur un être vivant. Mais il était seul et personne ne se souciait de cette plénitude de vie qui l’oppressait. Il était seul comme toujours, devant la beauté