Page:Bertheroy - Le Mime Bathylle.pdf/15

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ses cuisses que recouvrait jusqu’aux hanches une peau de bouc fraîchement égorgé.

Une atmosphère capiteuse, telle que celle qui se répand dans les campagnes à la montée de la sève par les chaudes journées de printemps, envahissait peu à peu la salle ; le lourd soleil, filtrant ses rayons à travers le voile de lin écru qui recouvrait tout le théâtre, y répandait une teinte jaunissante, la couleur blonde des épis mûrs. Dans les canaux ménagés entre les gradins coulaient, à demi évaporés par la chaleur, des ruisseaux d’eaux vives parfumées de safran de Sicile. Moite, cette langueur ambiante pénétrait les spectateurs d’une ivresse plus amollissante que celle du vin.

Tout à coup l’attention redoubla, le chœur des Satyres quitta la scène et les flûtes en même temps se turent. Bathylle resta seul, immobile, tenant la foule haletante sous la suggestion muette de son regard. Puis il commença la mimique d’un long monologue ; ses