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LE MIME BATHYLLE

gestes se succédaient avec une précision infaillible ; ils rendaient mieux que la parole les moindres nuances de la pensée ; à eux seuls ils constituaient une langue claire et vivante, riche d’expressions et d’images, qui empruntait à la poésie son harmonie et sa couleur, à la prose son abondance et sa force. L’illusion était complète : c’était Pan lui-même qui racontait ses aventures, sa rivalité avec l’Amour, le dieu fourbe, qui ne l’invitait à son festin que pour lui ravir sa liberté, à lui, l’incorrigible vagabond. Mais il se riait de ces embûches ; il savait mille moyens d’y échapper. Combien de fois déjà n’avait-il pas trompé l’Amour ? Il n’avait que faire d’ailleurs des tentations étalées pour le séduire ; il possédait mieux, là-bas, dans les clairières baignées de soleil où ses nymphes, les Napées joyeuses, l’attendaient : Écho, Pitys, Séléné et la belle Syrinx, vierge encore, et dont la taille souple ondulait parmi les roseaux. Ainsi l’action se déroulait, lucide, et à