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les vierges de syracuse

dans la fraîcheur des eaux transparentes, elle agitait son jeune corps. Alphée en fut ému et bondit vers elle, mais la chaste nymphe se sauva à son approche. Toujours poursuivie, elle traversa en courant Paphis, Orchomène, les monts Cyllène et le Ménale ; là, se voyant sur le point de tomber au pouvoir d’Alphée, elle implora le secours tout puissant d’Artémis qui la changea en une source intarissable. Cependant Alphée la poursuivait encore. Dans le cours même de l’Océan poussant son onde couverte de rameaux d’oliviers, et portant pour dons d’hyménée la poussière sacrée, des beaux feuillages, il accompagna Aréthuse jusqu’au rivage d’Ortygie où, sans que nul contact impur fût parvenu à les troubler, la Vierge enfin put réfugier ses eaux frémissantes.

Voilà ce que mimait Glaucé, la plus jeune des Vierges syracusaines ; et dans une gesticulation hardie de tous ses membres, la nappe lourde de ses cheveux coulant comme de l’or liquide jusqu’à ses reins, elle imitait les terreurs de la nymphe surprise, et sa course éperdue à travers les champs élidiens sous la protection invisible d’Artémis. Ses compagnes la regardaient avec un orgueilleux sourire sur les lèvres : cette cérémonie muette, accomplie chaque matin par l’une d’elles sous le portique, avait pour objet de leur rappeler leurs serments ; et sans doute chacune se sentait-elle