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les vierges de syracuse

de l’escalier taillé dans le roc, et Praxilla l’hiérophantide passa la première.

Dans un vaste bassin de marbre veiné de rose coulait l’onde sacrée d’Aréthuse. Certes, aucune source enfouie parmi les lotos noirs n’était plus claire ni plus murmurante. Des poissons argentés s’y baignaient, si nombreux qu’ils formaient comme une doublure de métal au vaste bassin, et que, les uns sur les autres, ils se jouaient en d’interminables secousses sans jamais en laisser voir le fond. À la surface, de petites rides vermiculaires, pareilles aux plis légers qui se forment au printemps sur l’épiderme délicat des fleurs, attestaient la virginité éternellement respectée de la source.

Praxilla s’agenouilla sur le bord, et baisa dévotement la margelle de marbre. Alors Glaucé, la plus jeune des vierges, ôta son bandeau et dénoua sa chevelure ; et, avec des gestes liturgiques, elle mima la fuite d’Aréthuse, poursuivie par le fleuve Alphée.

Car c’était sur cette légende que reposait la doctrine particulière des Vierges syracusaines et leur vocation secrète. Aréthuse vouée comme elles au culte d’Artémis, la chaste déesse, fut aimée du dieu-fleuve Alphée qui la vit un jour se baigner dans ses ondes à Elis. Elle avait déposé sur la rive les pavots qu’elle tenait à la main ainsi que la couronne de myrte qui ceignait son front, et, nue,