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les vierges de syracuse

jaune devant lui, l’insolence au fond des yeux et tremblant quand même de l’avoir mécontenté, il sourit encore. Puis il dit, en reprenant le ton du commandement :

— Je veux que cette couronne surpasse en beauté toutes celles qui m’ont été faites jusqu’à ce jour. Vous connaissez sans doute les deux Télamons géants qui soutiennent la cella à l’intérieur du temple de Zeus Olympien ? Leur front est entouré d’un double cercle de roses énormes sculptées dans la pierre. C’est ce travail que vous devrez reproduire dans le métal, sans en altérer l’éclat par aucun alliage.

— Rien de plus facile, répondit Orthon. Il suffit d’avoir un lingot d’or assez épais pour cela.

— Dorcas dira à mon trésorier de vous le fournir, fit le vieillard.

À cet instant, Dorcas entra dans la salle. C’était un jeune Syracusain de noble famille, qui remplissait à la fois les fonctions d’officier du palais et de surveillant des travaux de la cité. Autant l’orfèvre Orthon était petit et chétif, étouffé dans le coffre resserré de son étroite poitrine, autant Dorcas, en sa carrure imposante, respirait la générosité et la force. La cuirasse de drap blanc qu’il portait faisait ressortir davantage la ferme beauté de ses traits. Son nez était aquilin, sa bouche étroite, et l’ovale de son visage, encadré des boucles brunes