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Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/402

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les vierges de syracuse

recevoir du consul sa récompense ? N’allait-il pas être riche et considéré désormais, retrouver son ancien prestige ? Elle regardait les autres femmes d’un air d’insolente pitié. Plus dédaigneusement encore elle sourit, quand Fanie passa, si inquiète, si pâle, les cheveux désordonnés par la brise !

— Dorcas ? Dorcas ? répétait la petite épouse. Où donc peut être Dorcas ?…

Gullis méchamment se pencha sur elle :

— Croyez-vous qu’il soit resté ici à écouter les chants de triomphe des Romains, comme l’âne écoute les accords de la lyre ? Allez donc voir plus loin, du côté du Portique d’Aréthuse ; et, si vous ne le trouvez pas là, réclamez-le à l’hiérophantide !

Dorcas était là en effet ; sentant que sa présence était devenue inutile au Fort Euryale, il s’était porté au secours du Portique, et il le défendait à lui seul, contre une bande de légionnaires qui s’obstinaient à vouloir y pénétrer. Il avait tiré son épée, et, le dos à la muraille, il faisait face à toutes les lames ardentes et nues qui croisaient la sienne. Fanie de loin l’aperçut et poussa des cris déchirants : « Dorcas !… Dorcas !… » Sa voix aiguë perçait la masse insondable des flots : « Dorcas ! Dorcas !… » Cependant personne n’y prenait garde, et la lutte continuait, acharnée, inégale, d’un seul contre tous. Malgré son héroïsme, Dor-