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les vierges de syracuse

qu’à retourner sur ses pas et à faire procéder à l’évacuation des eaux. Il regrettait presque de n’avoir pas commencé par là, et que son héroïsme fût inutile. Et comme le froid de plus en plus envahissait l’entour de ses tempes, il pensa de nouveau à la mort. Et l’image de sa jeune épouse, de la douce et rieuse Fanie, qu’il avait prise par amour il y avait six années, vint d’elle-même se placer devant ses yeux. Sans doute, elle l’attendait, la petite épouse, dans leur claire maison regardant la route et inquiète de ne pas le voir revenir. Que deviendrait-elle s’il disparaissait lui aussi dans ce lieu funèbre, où, invisible, semblait se promener la barque de l’insatiable Charon ?

Il ferma les yeux et recommanda son âme aux puissances infernales. Mais quand il les rouvrit il poussa un cri de surprise : devant lui, allongé comme la tige coupée d’un roseau, flottait le corps de la prêtresse. Il flottait, comme la tige allongée d’un roseau, aussi étroit à son sommet qu’à sa base, et entièrement enveloppé de ses voiles que l’eau avait rendus plus adhérents. Le visage même disparaissait sous les mailles serrées de l’étoffe ; les bras se devinaient à peine, étendus à droite et à gauche au ras des flancs. Et de ce corps ainsi enroulé dans des langes se dégageait quelque chose de suave et d’infini, l’idée troublante d’une virginité qui triomphait même par delà la