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ximénès

fait nommer son confesseur archevêque de Tolède, à la place du cardinal Mendoza, qui venait de mourir, les mécontentements s’étaient manifestés hautement. Ferdinand lui-même n’avait pas dissimulé sa mauvaise humeur. Le siège de Tolède était, par la richesse de son revenu et par les honneurs qu’il comportait, la première charge du royaume, et le roi avait ambitionné d’en pourvoir son fils naturel, don Alonzo d’Aragon. Mais Isabelle, à qui la Castille appartenait en propre, s’était prévalue de ses privilèges, et Ximénès de Cisneros, malgré les nobles, malgré le roi, avait été élevé à la dignité de primat d’Espagne et de grand chancelier de la Couronne.

Et comme si ce n’eût pas été assez, comme si rien de grand n’eût pu s’accomplir en dehors de lui, voilà que la reine voulait maintenant faire venir à Grenade le nouvel archevêque, et lui donner la gloire de convertir publiquement les Mores !

Les seigneurs pensaient à ces choses et se taisaient toujours. Enfin le grand Campeador, Gonzalve de Cordoue, avait rompu ce silence de mauvais augure.

« Puisqu’il plaît à la reine, notre maîtresse, avait-il dit, de mander à Grenade l’illustrissime archevêque de Tolède pour y travailler à la conversion des infidèles, le devoir de ses conseillers est, il me semble, d’obtempérer à son désir. »

Le comte de Tendilla, qui aimait Gonzalve, avait appuyé ses paroles ; et Ferdinand, calculant que le zèle intempérant de Ximénès rencontrerait dans cette entreprise des difficultés sans nombre, s’était fait un malin plaisir d’approuver à son tour l’avis d’Isabelle. Devant cette minorité imposante, les sei-