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ximénès

gneurs s’étaient inclinés ; et peu de jours après Ximénès était arrivé à Grenade, où la reine avait fait disposer pour lui un des plus somptueux palais de l’Alhambre.

Armé des pleins pouvoirs que les Rois Catholiques avaient déposés entre ses mains, l’archevêque s’était mis à l’œuvre aussitôt. Son premier acte avait été la promulgation de l’édit publié dans la ville par le comte de Tendilla ; le second, l’arrestation par les alguazils espagnols du chevalier Zegri, qui excitait ses coreligionnaires à la désobéissance. Ces deux mesures prises, il avait fait distribuer des dons aux infidèles en les invitant à venir librement à l’Alhambre, où il voulait leur enseigner en personne la doctrine de la Rédemption.

Mais les Arabes, retenus par une crainte superstitieuse, n’avaient pas osé tout d’abord arriver jusqu’à lui. Ils s’aventuraient sur la place des Algives, rodaient silencieusement autour des citernes ; les plus hardis passaient les portiques et pénétraient dans les cours intérieures, d’où ils apercevaient de loin, à travers les colonnades et les fontaines, Ximénès se promenant dans le patio des Myrtes, la croix sur la poitrine et la tête découverte.

Puis un jour le bruit courut que des Alfaquis étaient entrés dans le palais, qu’ils avaient causé longuement avec le « grand alfaqui des chrétiens ». On remarquait que ceux-là s’abstenaient de tourmenter les Mores au sujet de l’attiédissement de leur foi, et qu’ils ne détournaient plus la tête en passant devant la grande mosquée, convertie en cathédrale et déjà tout imprégnée du culte fervent des Espagnols.