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ximénès

chrétiens ; dans cette baie une verrière en grisaille peinte selon le procédé que Jehan Du Puy venait de découvrir ; près de cet autel une console soutenue par des anges aux têtes de femme ; à droite, à gauche, partout, des tableaux, des mosaïques, des statues de marbre ou de granit.

Ximénès et Berruguete traversèrent un portique qui s’ouvrait à l’orient ; dans ses panneaux fourmillait toute une génération bizarre de diables grimaçants et de lutins fantastiques. Ils arrivèrent par une galerie nue dans la salle capitulaire ; au plafond, des bannières, des ex-voto pendaient pêle-mêle, embrouillant leurs effiloches de dorure, entre lesquelles des araignées avaient tissé de légères roues de dentelle.

« C’est surtout ici, dit Berruguete en levant le front, que le pinceau d’un maître habile aurait beau jeu à s’exercer. Oh ! une fresque de Giorgio Barbarelli ou de Tiziano, à la place de ces loques informes qui masquent tout le dessin de la voûte ! »

Ximénès ne répondit pas. Dans la galerie, en arrière, les moines faisaient de grands gestes, scandalisés qu’un ouvrier obscur et dont la barbe n’était pas encore poussée osât parler de la sorte des objets vénérés, qui depuis des siècles faisaient la magnificence des processions tolédanes.

Ils repassèrent sous le portique et regagnèrent la nef ; sur les dalles ils marchaient silencieusement. Près de l’entrée des Lions, Ximénès s’arrêta devant une colossale image violemment coloriée, représentant saint Christophe traversant les flots avec l’enfant Jésus sur ses épaules.

« Vous voyez cette peinture ? dit l’Archevêque à