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XIV
INTRODUCTION

ditionnelle et de sursis de peines (Lois Bérenger), ont singulièrement augmenté le nombre des dissimulations d’identité par cela même qu’elles les rendaient plus tentantes.

On a été ainsi amené à demander au signalement, non plus simplement de contrôler l’identité déclarée, mais, au besoin, de la faire découvrir.

Or, la confection des signalements originaux, comme leur interprétation ou leur rectification, incombent nécessairement, de par la force des choses, au personnel pénitentiaire : c’est à la prison à reconnaître les siens. La police qui est une autorité régionale, ne peut lui prêter en cette occurrence qu’un secours limité à son champ d’action.

Les lois qui frappent la récidive correctionnelle ne font pas, en effet, de distinction entre la récidive locale et la récidive encourue en divers points du territoire de la République. Il en résulte implicitement pour l’Administration des prisons l’obligation de reconnaître et de signaler, sans distinction d’origine, les récidivistes de tous pays, qui chercheraient à se dissimuler sous de faux noms au milieu de la population pénitentiaire.

Ce résultat capital n’a pu être atteint que par la centralisation, en un service spécial, des copies de tous les signalements relevés dans les diverses prisons de France. C’est là le côté du problème que résout plus spécialement la partie anthropométrique de la notice signalétique.


On avait cru un moment, il y a trente ans, que la photographie allait donner la solution de la question. Mais la collection des portraits judiciaires ainsi rassemblés ne tarda pas à atteindre un nombre si considérable qu’il devint matériellement impraticable de retrouver, de découvrir, parmi eux, l’image d’un individu qui dissimulait son nom.

Durant ces dix dernières années la police parisienne a réuni plus de 100.000 photographies. Croyez-vous qu’il soit possible de comparer successivement chacune de ces 100.000 photographies avec chacun des 100 individus que l’on arrête quotidiennement à Paris ? L’essayerait-on pour un malfaiteur plus particulièrement signalé, que la recherche demanderait plus d’une semaine d’application, sans parler des erreurs et des oublis qu’un travail aussi fastidieux et fatigant pour l’œil ne manquerait pas d’occasionner.

Besoin était d’une méthode d’élimination analogue à celle en