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XXVII
SIGNALEMENT ANTHROPOMÉTRIQUE

qui détermine ainsi tout le système, elle nous donne, pour chaque mesure, en millimètres et fractions de millimètre, la longueur maximum dont un observateur scrupuleux peut se tromper en plus ou en moins (+ ou −) autour du chiffre vrai idéal[1].

Ainsi pour la taille une différence de moins de 7 millimètres en dessus ou en dessous du chiffre supposé vrai est toujours admissible et ne saurait être qualifiée de faute.

La tolérance est la même en ce qui regarde le buste.

Mais pour l’envergure la différence entre deux mesures également bien prises sur un même sujet pourra s’élever à 10 millimètres, ou 1 centimètre, ce qui n’a rien d’étonnant, cette longueur étant la seule du signalement, qui soit relevée en chiffres centimétriques ronds, c’est-à-dire sans adjonction de millimètres.

Ces trois observations pouvant être dans une certaine limite l’objet de manœuvres de tricherie de la part du sujet, il faudra toujours dans la comparaison des résultats tenir compte en outre des corrections et indications qui pourraient être mentionnées, soit en note, soit à la rubrique voûte.

L’approximation d’un demi-millimètre (0mm5), exigible pour la mensuration des diamètres céphaliques et de la longueur du médius, étonnera au premier abord ceux de nos lecteurs qui, ayant eu entre les mains des relevés anthropométriques, auraient remarqué que la plus petite décimale employée est le millimètre, autrement dit, que l’on n’y mentionne jamais le demi-millimètre.

Néanmoins il est facile de s’assurer, pour peu que l’on y réfléchisse, que cette approximation est réellement atteinte, puisque les diver-

  1. La possibilité d’atteindre pratiquement ce degré de précision ne sera contestée par aucun anthropomètre de bonne école. L’exactitude des chiffres de la colonne A a d’ailleurs été confirmée a posteriori par un relevé statistique scrupuleux, basé sur la comparaison de plus de 400 couples de signalements similaires de récidivistes adultes revenus en dissimulant leur identité, remesurés et finalement reconnus par le service durant ces dernières années.

    Voici pour chaque mesure le chiffe exact obtenu en divisant la somme du produit des erreurs par le nombre des cas : Taille, 6mm7 ; — Envergure, 7mm8 ; — Buste, 7mm3 ; — Tête : longueur, 0mm62 ; — largeur, 0mm53 ; — Oreille : longueur, 0mm93 ; largeur, 1mm3 ; — Pied, 1mm4 ; — Médius, 0mm51 ; — Auriculaire, 0mm66 ; — Coudée, 1mm35.

    Les chiffres de la colonne A, quoique obtenus directement par l’expérimentation, semblent être la copie arrondie de l’erreur moyenne donnée par le calcul. Ils ne sont donc pas l’expression d’un désir, d’un idéal irréalisable en pratique, mais donnent une idée suffisamment exacte de l’approximation qui est atteinte journellement par nos agents anthropomètres lorsqu’ils opèrent dans les plus mauvaises conditions, c’est-à-dire sur un sujet cherchant à dissimuler son identité et ayant intérêt à tricher et sans savoir eux-mêmes que ces nouvelles observations seront l’objet d’une comparaison ultérieure par suite de la reconnaissance d’identité.