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XXX
INTRODUCTION

disposition les outils indispensables, toute la population réunie d’une maison centrale serait encore manifestement insuffisante pour lui offrir l’occasion d’y rencontrer un seul sujet ayant approximativement les mêmes mesures que lui. Pour qu’il ait chance d’y réussir, il faudrait supposer que la personne en question, ayant eu à une période de sa vie la libre disposition du répertoire central de Paris, aurait pu explorer à loisir la case finale où aboutissait son propre signalement aux fins d’y rechercher le nom de quelque sujet présentant suffisamment d’analogie métrique pour être confondu avec lui. C’est là une hypothèse dont il est inutile de faire ressortir l’impossibilité.

Même en l’admettant, la chance de rencontrer un signalement de permutation serait bien minime. L’examen du deuxième cas va nous le démontrer.

En présence d’un individu cachant manifestement son nom, des recherches méthodiquement conduites dans les archives centrales, sans autre fil indicateur que les éliminations anthropométriques nécessaires, ont amené la découverte d’un signalement dont toutes les indications métriques concordent avec celui qui fait l’objet de la recherche : quel degré de confiance convient-il d’accorder à une pareille coïncidence ? — La réponse demande quelques explications préalables.

Théoriquement on devrait admettre, en effet, qu’il est toujours possible, du moment que l’on dispose d’un nombre suffisant de signalements, d’en trouver deux équivalents, quoique se référant à deux individualités différentes. Les chiffres de nos mesures ne variant que dans des limites déterminées, le nombre des combinaisons qu’elles peuvent présenter entre elles est également limité, quelque élevé qu’en soit le produit. Toute la question semble donc se résumer à connaître le chiffre de signalements qu’il faut réunir pour avoir chance d’en trouver deux semblables.

Mais pour donner au problème une solution à la fois précise et pratique, faut-il encore savoir de quels chiffres se compose le signalement dont on s’occupe. Il est évident, par exemple, qu’un individu doté d’une taille exceptionnellement grande, combinée avec des diamètres céphaliques minimes, serait infiniment plus reconnaissable que si l’ensemble de ses indications chiffrées correspondait à la moyenne.

Ces dernières conditions ont été intentionnellement réalisées