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XXXI
SIGNALEMENT ANTHROPOMÉTRIQUE

sur le signalement ci-dessous, qui a été gratifié de chiffres exactement moyens ou plutôt médians, c’est-à-dire également écartés des limites des divisions petites et grandes de la classification triparlite.

Taille 1m645
Envergure 1m680
Buste 0m880
Tête longr. 187
largr 156
Or. longr. 63
largr 37
Pied 259
Médius 114
Auri. 89
Coudée 451
Œil châtain (4e cl.)

C’est l’ensemble signalétique qui, complété par l’indication d’un âge moyen compris entre vingt-cinq et quarante ans, par exemple, a, théoriquement et pratiquement, le plus de chance d’être rencontré dans un répertoire anthropométrique[1].

Or une expérience dont nous garantissons l’exactitude et qu’il est facile de répéter, montre qu’il est impossible d’en trouver un exactement semblable, au millimètre près, dans le répertoire anthropométrique des 90.000 signalements d’adultes méthodiquement classés de la Préfecture de police.

  1. La probabilité de rencontrer une dimension déterminée, taille, diamètres céphaliques, ou longueurs osseuses quelconques, diminue rapidement et symétriquement à mesure que l’on s’éloigne, en plus ou en moins, de la dimension moyenne qui est nécessairement la plus fréquente. Ainsi, tandis que la taille de 1 m. 65, qui est, en France, la taille moyenne, s’observe (à cinq millimètres près), 60 fois sur mille sujets, les tailles de 1 m. 55 et 1 m. 74 qui en sont éloignées de 10 cent. (en plus ou en moins) ne se rencontrent plus que 2 fois dans le même groupe et la taille de 1 m. 50 et 1 m. 79 que 6 fois ! Cette répartition a été représentée sur la courbe ci-dessous, appelée binominale du nom de la formule mathématique à laquelle elle semble obéir.
    Fig. 3. — Courbe de probabilité de la taille masculine en France.
    Fig. 3. — Courbe de probabilité de la taille masculine en France.
    Fig. 3. — Courbe de probabilité de la taille masculine en France.

    Chaque verticale correspond à une taille déterminée à 5 mill. en plus ou en moins, et sa hauteur est proportionnelle au nombre de sujets de cette taille que l’on a chance de rencontrer dans un groupe de mille personnes. La courbe serait approximativement la même si, au lieu d’ordonner des hauteurs de taille, centimètre par centimètre, on ordonnait des longueurs de tête, millimètre par millimètre. La dimension centrale moyenne, au lieu d’être apostillée de 1 m. 65 porterait la valeur de 0 m. 187 et les chiffres voisins seraient respectivement 182 et 192 — 177 et 197, etc. La largeur de la tête, la longueur du médius, du pied, de la coudée, etc., fourniraient de même des dessins semblables, en faisant subir à la valeur centrale et au mode de groupement des corrections appropriées.

    L’existence de ces règles qui constituent ce que l’on pourrait appeler la philosophie de l’anthropométrie, peut être vérifiée facilement, pour une mesure déterminée, en distribuant une centaine de signalements par paquets distincts correspondant aux variations observées soit par millimètre, soit par demi-centimètre ou centimètre, etc. Pour chaque