Page:Bertrand - Arago et sa vie scientifique.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même temps plus humains, n’oublient jamais que la vérité est un bien commun, et dégageant pour chacun ce qu’il en peut recevoir avec profit, ils acquièrent, en exposant leurs propres travaux, l’autorité nécessaire pour répandre ceux des autres et pour les juger. Leur grande voix, religieusement écoutée, émeut alors par son éloquence et par le prestige d’un nom aimé tout ensemble, et d’une gloire acceptée de tous.

Tel était François Arago.

Né à Estagel, le 26 février 1786, il apprit à lire à l’école primaire de son village. Cette première éducation, complétée par quelques leçons de musique, ne révéla ni la force ni la précocité de son esprit. Arago n’était pas cependant un enfant ordinaire. En 1793, la haine de l’étranger le rendait déjà patriote ; l’invasion de sa province par les Espagnols avait fait naître en lui une vive irritation. Un jour, après une bataille perdue à Peirestortes, cinq fuyards espagnols traversaient son village. Le jeune François, qui les vit arriver, courut