Page:Bertrand - Blaise Pascal, 1891.djvu/29

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a compris, dès l’âge de dix ans, que la philologie a des lois et ces lois leurs exceptions, et s’il a pu dominer ces questions, ce début, sur lequel glisse Gilberte sans y faire aucune réflexion, serait le trait le plus étrange d’une précocité qui n’a jamais été surpassée.

Quand Pascal écrivait : « les langues sont des chiffres, où, non les lettres sont changées en lettres, mais les mots sont changés en mots ; de sorte qu’une langue inconnue est déchiffrable », cette assertion audacieuse, deux siècles avant Champollion et Eugène Burnouf, résume peut-être les leçons de son père, peut-être aussi le fruit de ses premières méditations.

A toute occasion, les enfants demandent : Pourquoi ? Les parents n’en savent rien, ne l’avouent pas, les payent d’une défaite et n’y songent plus. Biaise alors interrogeait les choses. Quelqu’un ayant à table frappé devant lui un plat de faïence avec un couteau, il prit garde que cela rendait un grand son, mais qu’aussitôt qu’on avait mis la main dessus, le son s’arrêtait. Il voulut en savoir la cause, et comment, sans s’épuiser, une si petite source pouvait répandre tant de bruit ; il fit des expé-