Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/204

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de ce qu’on appelle bonne compagnie, comme Pascal dans ses Provinciales avait deviné la langue française, qui n’était pas formée de son temps, et le ton de la bonne plaisanterie, qu’il n’avait pu apprendre de personne dans la retraite où il vivait. Mais comme vous sentez parfaitement que vous avez ce mérite, et même que ce n’est pas en vous un mérite ordinaire, vous avez peut-être le défaut d’y attacher trop de prix dans les autres : il faut bien des qualités réelles pour vous faire pardonner à ceux qui ne l’ont pas ; et sur cet objet assez peu important, vous êtes impitoyable jusqu’à la minutie.

Oui, mademoiselle, la seule chose sur laquelle vous soyez délicate, et délicate au point d’en être quelquefois odieuse, ici je suis comme Mme Bertrand dans la comédie du Moulin de Javelle, et je vais d’abord aux invectives, parce qu’il est question de défendre mes propres foyers, c’est votre excessive sensibilité sur ce qu’on nomme le bon ton dans les manières et dans les discours ; le défaut de cette qualité vous paraît à peine effacé par le sentiment le plus tendre et le plus vrai qu’on puisse vous marquer : mais, en récompense, il est des hommes en qui cette qualité supplée auprès de vous à toutes les autres ; vous les trouvez tels qu’ils sont, faibles, personnels, pleins d’airs, incapables d’un sentiment profond et suivi, mais aimables et pleins de grâces, et vous avez la plus grande disposition à les préférer à vos plus fidèles, à vos plus sincères amis ; avec un peu plus de soin et d’attention pour vous,