Page:Bertrand - D’Alembert, 1889.djvu/61

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blème et détourne les yeux. Les géomètres, sur ce point, n’avaient qu’un parti à prendre, celui de ne pas le lire. Il n’a jamais connu la question. Daniel Bernouilli l’a invité à se mettre au fait des matières dont il parle. D’Alembert l’a traité d’impertinent : ils avaient tous les deux raison.

Lorsque, trop confiant dans la théorie, on l’invoque dans des cas où elle n’a que faire, le scepticisme reprend l’avantage. La célèbre question de l’inoculation en offre un exemple.

L’inoculation, au XVIIIe siècle, avant la découverte de la vaccine, était pour les familles le parti le plus sage ; l’étude des faits le rendait évident, mais il ne fallait pas mêler de formules à la discussion : telle est la thèse de d’Alembert. Il l’a, selon sa coutume, soutenue avec chaleur et esprit ; il adopte la bonne cause et combat ceux qui la défendent mal ; nous ne devons pas passer sous silence ce rôle qui lui fait honneur.

La question de fait domine tout ; elle repose sur des chiffres incertains. Les statistiques n’étaient pas d’accord. D’Alembert, dont la conclusion est résolument favorable à l’inoculation, allègue surtout le très petit nombre des décès, fort inférieur, suivant les renseignements les plus certains, à celui qu’on avait proposé d’abord en conseillant pourtant de braver le danger.

Sur deux cents inoculés, avait dit Daniel Bernouilli, il en meurt un en moyenne dans le mois qui suit l’opération.