Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/16

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INTRODUCTION

Une collection de Curiosités Romantiques devait être inaugurée par Louis Bertrand. Il représente en effet plus complètement, plus manifestement que nul autre, une des prétentions cardinales du programme de la révolution littéraire d’il y a quarante ans : innovation ou plutôt rénovation dans le style ; révision du matériel de l’art d’écrire et des moyens d’expression.

Il eut le don, — comme d’autres en ce temps-là eurent le don de la passion, de la véhémence et de la création poétique,—il eut le don de la délicatesse, de la finesse et de la justesse. Tandis que quelques-uns autour de lui, impatients et turbulents, violaient la langue et la brutalisaient, lui, il l’étudia sérieusement, patiemment et savamment, pesant les mots, remontant au sens propre de chacun, révisant les associations, les rapports, rajustant les images.