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Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/269

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et la menace des châtiments. Mais quelle voix rarnènerait des furieux à la raison? D’abord, ils proclamèrent leur franchise ; puis ils se choisirent pour chefs des soldats comme eux. Parmi ces chefs de rebelles, on remarquait Jacques-les-Andelys, né du sang de ces barbares du nord, longue terreur de toute une race de nos rois, peuplades belliqueuses qui s’éclipsèrent enfin, exterminées par Raoul-le-Bourguignon et Louis-d’Outre-Mer.

Plusieurs mois, ils coururent les belles provinces de la Lorraine et de la Bourgogne, frappant en maîtres aux portes des châteaux, et payant l’hospitalité par le meurtre et le viol. Ces rebelles à Dieu et à ses saints, comme au roi et à ses barons, joignaient le sacrilège à l’impiété, brisaient les châsses en riant, souillaient de profanations les reliques, et fouillaient jusques aux caveaux bénis des monastères, demeure inviolable des morts. La nef, sans prêtres, sans lévites, n’entendit plus, étonnée, que les blasphèmes et l’ivresse tumultueuse du soldat. Plus d’une fois, ô profanation ! plus d’une fois, chassés du cornet impur, les dés insolents roulèrent sur cet autel où la céleste Victime, offerte au salut des hommes, s’immolait chaque jour. Ainsi, lorsqu’autrefois les Juifs crucifiaient le roi de Nazareth, les enfants du Golgotha tiraient au sort les dépouilles du Christ qui mourait pour eux.

Jacques-les-Andelys, que ses soldats nommaient