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Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/270

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le Fauconnier, surprit Châlon. Point de quartier! d’infâmes gibets sont dressés, et de nobles échevins sont pendus. Les lances qui hérissent les murailles de la ville brillent aux rayons du soleil couchant. On garde les hauteurs, les vallons, les villages, les gués du fleuve, les lisières des bois : tout ce qui sort et se montre tombe au milieu des mécontents.


Quelques maraudeurs rassemblés sur une montagne pour y passer la nuit, se pressaient en rond autour d’un large feu de veille, presque éteint : la plupart sommeillaient avec leurs armes, les autres écoutaient les vieilles ballades guerrières que le héraut de la troupe finissait de chanter.

— « Grande nouvelle ! dit un arbalétrier ; le roi veut notre conversion : il envoie monseigneur Duguesclin nous faire la barbe avec du miel ; mais le Fauconnier est là, et l’on n’englue pas le Diable comme un merle au printemps. »

Longs éclats de rire aussitôt : trois des dormeurs lèvent la tête et roulent des yeux tout effrayés ; une cornemuse pressée involontairement murmure des sons grotesques qui ajoutent au rire des soldats.

— « Monseigneur Duguesclin a raison, réplique