Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/280

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sa femme est là-bas qui pleure, son enfant dans les bras.

— Il n’est pas mort, dit un troisième ; l’arbalète de Robin connaît trop bien la place du cœur d’un Anglais pour lui permettre de passer sans saluer, la face contre terre.

— Non, non, il n’est point mort, répétèrent tous les buveurs.

— Chut ! dit la sentinelle qui veillait au guichet ; j’entends le son d’une trompe lointaine, et comme un galop de chevaux dans les bois. »

Chacun des buveurs se lève et court au guichet; on ouvre la porte, et l’un d’eux se hasarde à mettre le pied dehors et le nez au vent ; mais les feuilles séchées tourbillonnaient autour de l’étable, et la cime des arbres était violemment agitée.

— « Ferme le guichet, Jean des Moineaux, dit un vieillard ; as-tu donc tant peur, que le cri de la hulotte te semble le son d’une trompe ? »

La sentinelle qui prétendait avoir entendu distinctement le son d’une trompe et non le cri de la hulotte, prêta de nouveau l’oreille vers les bois.

— « Qu’est-ce donc, dit un buveur, que ce prince qui rançonne l’Eglise et qui boit le vin dans les calices? Un félon et déloyal prince qui, repoussé de Dieu, s’est jeté entre les bras du démon ; jugez si cela durera longtemps !

— Demain, dit un autre, ses soldats seront cou-