Aller au contenu

Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vous pas reconnu un des nains du prince de Galles?

— A la chaudière, l’escarbot ! cria-t-on de toutes parts.

— Ne vous avisez point, dit le nain, de mettre la main sur moi : des gens aussi nobles que ceux qui dorment à Westminster m’ont souri quand j’étais debout derrière le fauteuil du prince. »

Tandis qu’il parlait, une fenêtre basse qui donnait sur les bois s’ouvrit, et un jeune homme sauta dans l’étable.

— « Voilà Robin ! » cria Jean des Moineaux.

La femme du jeune homme le serra contre son cœur, et lui couvrit de baisers son enfant qu’elle lut présentait. Le nain, resté seul, demandait à grands cris qu’on voulût bien le mettre à terre ; mais on semblait l’avoir oublié.

— « Le roi est prisonnier, dit Robin, et le prince de Galles, maudit soit-ill entre demain à Poitiers. »

La douleur assombrit tous les visages. C’était un silence de désespoir.

— « Que Dieu protège l’Angleterre dans les siècles des siècles ! dit le nain.

— Qui t’a conduit ici, fou d’un prince plus fou encore ! dit Robin. Je t’ai vu fuir dès le commencement de la bataille, emporté par un cheval fougueux.

— Tu mens, fils de vassal, dit le nain; tu mens. Je sors de la taverne de maître Alain, où j’ai vidé les brocs toute la soirée ; et si j’en suis sorti si tôt, c’est