françaises, avant d’entrer dans le port de Beaucaire, étaient soumises à la visite du fermier général qui examinait les marchandises et prélevait ses droits, et elles ne pouvaient sortir des eaux d’Arles, sans encourir de fortes amendes. Lorsqu’enfin le fermier général avait terminé ses affaires, à un signal donné, chacune des barques s’élançait à la fois du port d’Arles et s’efforçait par d’habiles manœuvres d’arriver la première à Beaucaire ; il fallait ne se servir ni de traits ni de chevaux, mais n’user que de rames et de voiles. Le prix que la ville décernait à la barque la plus agile, consistait en un mouton vivant, et de plus elle ajoutait une somme de soixante livres, afin que les matelots vainqueurs ne le mangeassent point sans boire. Cette barque courait choisir sa place dans le port. Son arrivée était annoncée par trois coups de canon, que les embarcations étaient dans l’usage de répéter. Le port était perdu dans la fumée, et les coups de canon se succédaient jusqu’après le coucher du soleil.
Les barques des Génois, très-bien peintes, n’avaient rien de remarquable que la beauté des couleurs dont elles étaient ornées. Auprès des barques génoises, les coches d’eau étaient attachés à des câbles au pied des quais. Ils portaient de légères tentes d’étoffes bariolées, rouges et blanches. A la suite des coches d’eau, les felouques catalanes à deux et trois mâts couronnés de rubans de mille couleurs ; enfin les barques françaisesqui fermaient le port, et dont les pavillons blancs