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Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/305

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fermés depuis si longtemps. Le sanctuaire est rendu aux fidèles. Le dieu a été dévoilé. Là se sont retrouvés la harpe des prophètes et le luth des troubadours ; là se sont retrouvés, couverts d’une antique et vénérable poussière, les étendards de nos preux, suspendus aux voûtes immenses ; là enfin, l’épée et le bouclier des croisés. Ce temple qu’on a sondé, contenait de si magnifiques trésors, que le vulgaire en a été étonné. C’est ainsi que l’homme, dans l’oubli de soi-même, s’est souvenu, au pied des autels, de la religion et de la liberté.

« La littérature classique est malade depuis longtemps : elle l’est parce que tout finit dans ce monde, elle l’est parce qu’ayant atteint l’apogée de la vie intellectuelle, il ne lui restait plus qu’à descendre. » Quia dit cela? Un romantique? Non, un classique, M. Hoffman. Le Classique est à sa fin, il est vrai; mais je ne puis croire que ce soit pour avoir atteint l’apogée de la vie intellectuelle. Il n’a jamais été chez nous en meilleure santé, il me semble, que dans les premières années de son existence ; loin de grandir et de se fortifier, il n’a fait depuis qu’aller en déclinant et en s’affaiblissant, jusqu’à ce qu’enfin il soit tombé en défaillance complète. Il n’a donc point été étouffé sous les couronnes de lauriers : il est mort de décrépitude et en état d’imbécillité. C’est un astre qui n’a brillé qu’à son aurore ; il s’était levé dans un ciel qui n’était point le sien, qui ne lui appartenait point : il a