Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/310

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huitième, l’Envie et la Discorde se glissent dans l’assemblée des chefs chrétiens, et y jettent le désordre. Au neuvième, défaite de l’armée chrétienne ; au dixième, continuation de la défaite de l’armée chrétienne. Pelage, absent du camp, rend à ses soldats et le courage et la victoire, au onzième livre, et le génie protecteur de l’Espagne lui présente le tableau de sa postérité. Au douzième livre enfin, le héros du poè’me s’empare de Léon et reste maître des Asturies. De quelle épithète qualifier un pareil imbroglio? L’auteur dans sa préface déclare qu’il est classique : vraiment, ne s’en serait-on point douté?

De quelque sévérité que la critique soit obligée de s’armer au besoin, il est pénible pourtant d’avoir à gourmander qui réclame votre indulgence; bien plus, comment ne nous intéresserions-nous pas à l’auteur qu’ nous apprend que c’est dans les fers qu’il a conçu et écrit son ouvrage ? « J’avais vingt ans, dit-il dans sa préface, et je parcourais avec les troupes françaises la province d’Astorga et de Léon, où j’ai placé la scène de cet ouvrage, quand j’en formai le plan, en lisant l’histoire d’Espagne. Le premier livre fut improvisé sur le tronc d’un chêne, dans le parc de Benaventé, en 1811. Fait prisonner à Ciudad Rodrigo, je perdis mes manuscrits. Je recommençai Pelage en Angleterre, et je l’y achevai pendant les tristes loisirs d’une captivité de plus de deux ans. Je ne pensais pas alors à le publier jamais : nous perdions l’espoir de revoir