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Page:Bertrand - Gaspard de la nuit, éd. Asselineau, 1868.djvu/54

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hôtelleries de la rue Bouchepot, aux étuves de la porte aux Chanoines, au mail de la rue St-Guillaume, au change de la rue Notre-Dame, aux fabriques d’armes de la rue des Forges, à la fontaine de la place des Cordeliers, au four banal de la rue de Bèze, aux halles de la place Champeaux, au gibet de la place Morimont ; bourgeois, nobles, vilains, soudrilles, prêtres, moines, clercs, marchands, varlets, juifs, lombards, pèlerins, ménestrels, officiers du parlement et de la chambre des comptes, officiers des gabelles, officiers de la maison du duc : qui clament, qui sifflent, qui chantent, qui geignent, qui prient, qui maugréent, — dans les basternes, dans des litières, à cheval, sur des mules, sur la haquenée de saint François. — Et comment douter de cette résurrection ? Voici flotter aux vents l’étendard de soie, moitié vert, moitié jaune, broché des armoiries de la ville qui sont de gueules au pampre d’or feuillé de sinople [9].

« Mais quelle est cette cavalcade ? c’est le duc qui va s’ébattre à la chasse. Déjà la duchesse l’a précédé au château de Rouvres. Le magnifique équipage et le nombreux cortège ! Monseigneur le duc éperonne un gris pommelé qui frissonne à l’air vif et piquant du matin. Derrière lui caracolent et se pavanent les Riches de Châlons, les


9. ↑ Telles auraient été, suivant Pierre Paillot, les anciennes armoiries de la commune de Dijon ; mais l’abbé Boulemier (Mém. de l’acad. de Dijon, 1771) a prétendu qu’elles n’étaient que de gueules plein. Ces deux savants ne feraient-ils pas confusion de temps, et les armoiries de Dijon n’auraient-elles pas été de gueules plein avant de porter au pampre d’or feuillé de sinople ? C’est ce que je n’ai pas le loisir d’examiner ici.