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L’APPEL DU SOL

qu’on arrivait au cantonnement. Les derniers kilomètres furent les moins durs.

En effet, le bataillon pénétrait dans un village. Les fourriers avaient à peine eu le temps de reconnaître les secteurs. Les habitants s’étaient presque tous enfuis. Un régiment de fantassins était déjà cantonné : c’étaient des réservistes. Ils regardaient passer le bataillon de chasseurs, en manches de chemise, le képi sur l’oreille, le pantalon rouge tout neuf, éclatant, arrêté aux hanches.

— Une garde nationale ! dit Angielli.

D’eux-mêmes, les chasseurs avaient redressé le torse, pris une allure militaire. L’esprit de corps et la longue habitude d’une discipline sévère faisaient quand même un bel outil de ces troupes éreintées. La quatrième compagnie s’arrêta devant une maison et son grenier à foin qui lui avaient été désignés.

La gaîté du jour s’était emparée de la troupe. Les chasseurs faisaient flamber un peu partout des foyers sur lesquels bouillait déjà le café. Rousset et quelques camarades surveillaient dans le verger un grand feu. Les marmites, posées par couples, chantaient. On avait trouvé