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Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/123

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UNE ÉTAPE

d’acier raidis, pliant sous le poids d’une barrique de vin !

Ce fut du délire. Tous les hommes se précipitaient autour du tonneau, ivres avant d’avoir bu. Le vin ruisselait dans les quarts, dans les marmites encore grasses de soupe, dans des seaux de toile dérobés à des cavaliers, dans les bidons. Angielli, à cheval sur le tonneau, dépoitraillé, hurlant, tapant des mains, semblable à un Bacchus antique, criait :

— Au vin ! Au vin, troun de l’air !

Il frappait comme un sourd sur la barrique et jurait :

— Il y en a des otres… Il y en a des otres…

Et sa voix et sa joie et ses gestes évoquaient les autres barriques de la cave. Il insistait :

— Ce n’est pas cher, bougre de bon sang ! Au vin… Au vin !

Et les chasseurs tendaient leurs récipients à Diribarne, grand dispensateur des voluptés, avalaient d’un trait le liquide et s’essuyaient d’un geste brusque de la main la moustache ruisselante. Leurs yeux riaient de plaisir. Ceux qui avaient déjà bu se mirent à chanter.

Vaissette voulait avoir sa part. Puis il