Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/170

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— À Dieu vat ! fit le capitaine de Quéré, fils d’une lignée de marins bretons.

Il tendit la main au jeune homme, qui l’étreignit. Puis ils se séparèrent en courant pour prendre leur place en tête de leur compagnie. Lucien trouva la sienne qui attendait, toute prête. Il n’eut que le temps d’échanger un regard avec Vaissette : ils se comprirent. L’angoisse leur serrait la gorge ; mais ils sourirent.

Quelques secondes après, la quatrième compagnie déboucha du bois. Les sections formées en lignes de tirailleurs couraient sur le plateau. À leur gauche s’engageait aussi la troisième, de Quéré en avant, la tête haute, son grand corps maigre se détachant dans la lumière, agitant un bâton, sa seule arme, en larges moulinets.

Un bond, puis un autre. Un autre encore. Bientôt on aurait franchi tout l’espace découvert. Les sections, enlevées par leurs gradés, ne sentaient point la tragédie de s’offrir sans abri à la grande clarté limpide du jour. Les uniformes bleus se levaient de terre, couraient le dos baissé, le béret enfoncé, se recouchaient,