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Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/28

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L’APPEL DU SOL

Vaissette, qui n’était pourtant pas très militaire, s’était mis au garde à vous, fiché droit, telle une statue. Autour de lui l’air sifflait, comme perforé. C’étaient les balles des fusils allemands qui se croisaient.

— Mais couchez-vous donc ! hurla le capitaine.

Il ajouta :

— C’est un fou !

Vaissette porta la main à son béret, salua, et, du même rythme de ses grandes enjambées hésitantes, rejoignit son lieutenant.

Il s’allongea à côté de lui, rendit compte de l’ordre reçu. Il se borna à ajouter, en confidence :

— J’ai eu bougrement peur.

Fabre étendit le bras, lui serra la main. Alors seulement le sergent Vaissette, agrégé de philosophie, comprit que ce qu’il venait de faire était très beau.

Pendant une heure les explosions continuèrent. Cela devenait morne et plus terrible. Le soleil brûlait les nuques. De temps à autre, Lucien Fabre tirait sa montre. Il lui semblait que l’après-midi devait s’avancer : quelques