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Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/29

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LE BAPTÊME DU FEU

minutes à peine s’étaient écoulées. L’atmosphère était continuellement déchirée par l’éclatement des explosifs. Parfois, quelques balles passaient, venaient s’aplatir près de vous, se fichant dans le sol, ricochant, faisant voler un morceau de betterave, une motte de terre.

— Mais que font donc nos artilleurs ? grogna le caporal Bégou.

— Si ce n’est pas malheureux ! répondit son camarade de combat.

Les autres ne disaient rien. Ils ne pensaient même pas. Ils se serraient côte à côte, semblables à des ruminants couchés par les prés, inquiets.

— Tout de même, déclara Vaissette, c’est plus dur qu’on ne croit.

Le lieutenant s’était assis, insoucieux du danger. Tout en promenant ses regards sur sa section couchée, il allumait une cigarette. Les explosions étaient si nombreuses que vraiment il était inutile de prendre des précautions. Vaissette l’avait imité, mais il restait silencieux.

— À quoi songez-vous ? lui demanda Fabre.

— Je songe, répondit Vaissette, que pas un