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L’APPEL DU SOL

partit pour porter au commandant ce mot laconique : « J’ai besoin de monde et surtout de la mitrailleuse. »

L’autre s’en allait vers Rémécourt, à quatre kilomètres, pour remettre à la division un compte rendu succinct et une demande de renforts.

— Il est dix heures, fit Nicolaï, tu seras de retour avant onze heures. Je tiendrai jusque là. Dis-le au général.

Les hommes partirent bravement, à travers champs. La route, arrosée par la mitraille, était impraticable.

Nicolaï descendit jusqu’au pont. Serre était couché contre le talus de la route. Sa blessure n’était pas grave mais il avait perdu beaucoup de sang. De l’autre côté de la barricade, il y avait une centaine de cadavres allemands. Presque tous étaient allongés, la figure contre la chaussée. Les branches tombées des arbres, les pierres détachées par le tir, les objets d’équipement, les bidons, les sacs, les fusils formaient un désordre impressionnant. Des flaques rouges entouraient les corps étendus. Il y avait des blessés qui poussaient des cris