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LA MORT D’UN SOLDAT

désespérés ; d’autres qui, par moments, lançaient un appel étouffé et long. Quatre chasseurs rentraient dans les maisons voisines leurs camarades, ou les allongeaient contre les murs d’un jardin ombragé. Ils mettaient les pansements des plus atteints. Le sang coulait sur les visages et les uniformes maculés de boue et de poussière. Toutes les blessures, au premier abord, semblaient mortelles. Sorties d’une cave, une vieille femme, qui paraissait folle, parlant toute seule, et une fillette passaient avec un seau de vin et un verre pour offrir à boire aux moribonds.

Nicolaï ne laissait voir aucune trace d’émotion sur sa figure bronzée. Il se pencha vers Serre l’embrassa. Il lui dit seulement :

— Nos pauvres chasseurs !

Il serra la main des cinq ou six hommes qui étaient debout derrière la barricade, autour de Bégou. Ceux-là parlaient tous en même temps, très excités. Ils suaient, la vareuse ouverte, le fusil à la main, s’attendaient d’un moment à l’autre à une nouvelle attaque.

— Soyez calmes, dit-il à Bégou : des renforts vont arriver.