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SUR LES TOMBES DU CIMETIÈRE

— Vous ne voulez pas dire pourtant, remarqua Vaissette que réjouissait la tournure de la discussion, que les généraux sont inutiles et qu’on pourrait supprimer leurs états-majors ?

— Je ne construis point, certes, de théorie, répondit Fabre. Les jeux de l’esprit sont faits pour des temps meilleurs. Avouez que ceux-ci sont peu propices à la spéculation et au développement des idées. J’échange simplement avec vous des propos décousus, qui naissent de ce repos consécutif à notre ivresse, et qui sont un peu mélancoliques, parce que notre capitaine a été tué.

Vaissette opina :

— Ne me prenez pas, dit-il, pour un imbécile. Je plaidais le faux afin de savoir le vrai. Au fond, mes conclusions sont les mêmes que les vôtres.

— Au reste, reprit l’officier, nous n’avons pas conclu. Nous aurons toute la campagne pour arriver à nous faire une conception philosophique de ce drame, dont nous sommes à la fois les acteurs et les spectateurs.

Ils se turent, continuant à marcher côte à