Page:Bertrand - L'appel du sol, 1916.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
SUR LES TOMBES DU CIMETIÈRE

gent. Ces grands destructeurs furent tout à la fois de ces démons et de ces dieux qui forgèrent dans le sang une humanité nouvelle. Je m’étonne même, depuis que j’ai vu ce qu’était la bataille, qu’il y ait pu avoir des cerveaux aussi lucides, aussi puissants, aussi complets que celui de ces grands capitaines. Mais convenez qu’il y a eu au cours des siècles, bien peu de ces génies et au contraire un bien grand nombre de guerres. Ainsi des hommes médiocres peuvent remporter la victoire si de plus médiocres encore leur sont opposés. Il y a fatalement un triomphateur et un vaincu. Pour écrire un beau poème, faire une découverte immense, gagner des millions, il est nécessaire que l’humanité enfante un Racine, un Newton, ou quelque financier de l’envergure de M. Rockefeller. L’histoire nous apprend que M. de Moltke et M. de Bismarck furent vainqueurs du maréchal Bazaine et du général Trochu.

— Ainsi votre ingénieuse dissertation affirma Lucien, prouve qu’en dehors des cas exceptionnels, où s’imposent de vrais hommes de guerre, le triomphe tient à des circons-