qu’il les rétractât ; mais elle n’en eut pas le temps ; le premier exemplaire du livre, envoyé à Frauenbourg, arriva trop tard. Copernic, frappé d’apoplexie, put à peine le toucher de ses mains défaillantes et le regarder d’un œil indifférent à travers les ombres de la mort.
Le livre des Révolutions des corps célestes ne produisit d’abord ni bruit ni scandale ; l’ouvrage trouva un petit nombre d’approbateurs et une foule d’indifférents ; il n’inquiéta ni l’Église ni les écoles. L’impétuosité habituelle aux novateurs manque en effet à Copernic ; il n’a pas cette fougue de génie qui agite et entraîne le lecteur ; son esprit, toujours calme, répand le jour d’une raison tranquille et méthodique sur des vérités avec lesquelles il a vécu trop longtemps pour se passionner encore en les contemplant, et s’il éprouva, comme Kepler, l’ivresse enthousiaste de l’invention, il n’en laisse rien voir au lecteur ; en exceptant quelques passages, dans lesquels l’élévation du langage suit, sans l’égaler cependant, la grandeur et la majesté