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III

LA CHASSE DU LÉGAT

Le marchand d’esclaves, le cabaretier de Thuburnica capturé par Victor, était bien ce Salloum, ce Maltais arrogant et vantard, qui avait failli trahir Cyprien pendant son voyage à Cirta. Depuis trois mois, il écumait les hauts plateaux numides et les confins des régions désertiques, où le gibier humain est toujours abondant.

Quoique musclé comme un athlète, endurci aux coups comme un mulet qui a tourné la meule, il n’attendit pas que les aides du bourreau l’eussent couché sur le chevalet, pour se résoudre à tout avouer. La seule vue des fers qui chauffaient fit flageoler ses jambes. Spontanément, il confessa que Birzil avait été vendue par lui à Sidifann, un grand chef nomade, qui possédait dans le Sud d’immenses territoires et qui, en ce moment, avait planté sa tente aux alentours de la Piscine, sur la route de Gemellæ. Les autres femmes, parmi lesquelles plusieurs matrones qui habitaient les Deux-Rivières, avaient été emmenées par les Maures. Quant à la vieille Thadir, elle était morte au Calcéus, égorgée par un soldat ivre, contre lequel elle essayait de défendre sa maîtresse. Enfin, le gros des rebelles chargés de butin s’était rassemblé au delà de Vescera et avait tourné bride dans la direction du Grand Lac Salé…

Immédiatement, le légat Macrinius décida qu’une co-