d’école.
Tout de même, le ménage Batèche avait une certaine considération pour le neveu, à qui les parents avaient laissé une ferme en mourant, et trois mille dollars d’argent prêté destiné, d’après le testament, aux soins de son enfance et à son éducation. En recueillant l’orphelin, l’oncle avait été chargé de l’administration de ses biens. Il les administrait le plus honnêtement possible, tout en s’appropriant la presque totalité des revenus de la ferme, en compensation de sa mise en valeur. Il y avait aussi la dîme au curé, les taxes municipales, la rente du seigneur à payer. L’argent file si vite.
Un jour Paul confia à sa tante un gros secret : il voulait épouser l’institutrice. La brave femme s’en boucha les oreilles : « C’était-y-possible, à son âge ! » Elle se promit de l’envoyer à confesse au plus tôt et ne dit rien. L’enfant, prenant ce silence pour une approbation, crut son projet de mariage parfaitement réalisable, et, déjà, presque réalisé. Ce fut une joie innocente et profonde.
Hélas ! au moment où il croyait que ce beau rêve
de toujours rester, désormais, dans les bras de sa
bien-aimée, allait s’accomplir, il fit la découverte
d’une chose affreuse : l’institutrice avait un amoureux, un grand. Il le connaissait
bien, c’était Pierre Bluteau,
le beau Pierre, comme on l’appelait. Il
avait la spécialité des institutrices,
ayant fait la cour à toutes celles qui
étaient passées par l’école. Il avait
même été la cause d’un scandale dont
on s’abstenait de parler devant les
enfants. Quand il passait sur la route,
à la tombée de la nuit, plus d’une