honnête femme de cultivateur se disait : « Ben sûr qu’y s’en va voir la maîtresse. » Et l’on goûtait, dans cette expression, toute la saveur perverse d’une mauvaise pensée. On s’en confessait pour faire ses Pâques. Il savait tout cela, le petit Mirot, sans trop comprendre de quoi il s’agissait.
Mais c’en était assez pour lui faire pressentir le danger que courait sa séduisante amie. Il aurait voulu la défendre contre ce danger en défendant en même temps son amour. Mais comment faire ? Il ne savait pas. Ce qu’il avait sur le cœur, il ne savait pas, non plus, comment l’exprimer. D’ailleurs, depuis quelque temps, l’institutrice le négligeait beaucoup. Il n’allait plus chez-elle après la classe et il ne pouvait lui parler que devant ses petits camarades. Un soir, il voulut la suivre, comme autrefois, elle le renvoya brusquement.
Il en fut malade huit jours.
Quand il revint à l’école, l’institutrice parut à peine
avoir remarqué son absence et s’informa distraitement
de sa santé. Il en fut profondément blessé,
et à partir de ce jour il se livra, avec acharnement au
jeu, pendant les récréations. Ses camarades ne lui
plaisaient guère, pourtant. Ils étaient, pour la plupart,
malpropres, d’une brutalité révoltante et d’intelligence
médiocre. Tous le haïssaient,
du reste, parce qu’il était aimé de l’institutrice.
Il ne se passait pas de jour
sans que l’un d’entre eux ne fit un mauvais
coup. Tous étaient menteurs, sournois,
cherchaient à mettre leurs fautes
sur le dos d’autrui, maltraitaient les
faibles : une vraie humanité en raccourci.
Un jour que le petit Dumas, le plus
fort de l’école et le plus redouté, voulut