resta muette de surprise et ne sut que l’enlacer amoureusement de ses bras. La crise passée, il lui dit, en essayant de se dégager de son étreinte :
— C’est bête, un homme qui pleure !
Elle le serra plus fort contre sa poitrine, et but sur le visage de l’aimé les larmes qu’elle avait fait verser, répétant, entre chaque baiser : « Pardon, mon chéri, pardon ! »
Alors, il lui confia tout ce qu’il avait sur le cœur. Il lui apprit qu’au journal, le chef des nouvelles lui causait toutes sortes d’ennuis, que le métier de rédacteur de faits-divers à sensation, ne lui allait pas du tout. Son ami, Jacques Vaillant, en avait assez, lui aussi, de ce métier de chien, et c’est pour cela qu’ils étaient allés, tous deux, après le journal, voir le ministre Vaillant, pour lui demander conseil et protection…
Elle l’interrompit :
— J’ai été méchante, pardonne-moi ? Je me suis imaginé, dans l’anxiété de l’attente, des choses que j’ai honte de te dire maintenant… Voilà, j’ai cru que tu t’étais laissé entraîner dans quelque mauvais lieu par des camarades, malgré ta promesse. Car, tu t’en souviens, tu m’as promis de ne jamais souiller ce front intelligent, cette bouche que j’ai si souvent baisée. Je ne veux pas que des lèvres indignes s’en approchent.
— Tu n’as donc plus confiance en moi ?
— Je ne sais plus ; j’étais folle ! Mais, aussi, pourquoi m’avoir caché tout cela ? Je me doutais bien un peu que tu devais avoir des ennuis à ton journal, tous les hommes de talent qui y ont passé en ont eu. Hier soir, à la réception du ministre, j’ai bien songé à intriguer en ta faveur ; mais la peur de me trahir m’a retenue. L’occasion était des plus favo-