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Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/153

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le débutant

remou de la foule les sépare, et le voilà revenu à la réalité. Le rêve est fini. Une affreuse vieille le regarde de travers, parce qu’il l’a frôlée au passage ; deux bons bourgeois causant de la taxe d’eau ou de la hausse des loyers, marchent à côté de lui ; un brave policeman, au coin de la rue, disperse les flâneurs en répétant d’une voix monotone : Move on, please ! Move on ! L’insipidité de la vie commune et journalière le reprend de nouveau. Peu importe ! il vient de vivre des minutes exquises dans un songe éveillé.

Comment ne pas se griser d’illusions, comment ne pas renaître à l’espérance quand tout est joie et fécondité dans la nature, surtout lorsqu’on est aimé ? Le soleil réchauffe les cœurs les plus glacés par l’âge, de même qu’il boit les larmes de ceux qui, aux jours mauvais, se lamentent dans l’adversité. C’est pourquoi, la belle saison revenue, le cœur de Paul Mirot, que Simone avait tenu chaud près du sien, déjà consolé du désastre du Flambeau, n’eut pas de peine à se remettre à battre avec toute l’ardeur de la jeunesse. Quant à Jacques Vaillant, qui avait passé une partie de l’hiver à New-York, avec sa jeune femme, chez Uncle Jack. De retour au pays après les fêtes de Pâques, il paraissait tout disposé à continuer la lutte.

Du reste, les élections générales dans la province de Québec, devant avoir lieu à l’automne, il n’y avait pas de temps à perdre pour se préparer à la bataille que l’élément rétrograde allait livrer au député de Bellemarie et à ses partisans. L’enquête faite sur l’in-

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